Discours de Madame Emmanuella CYPRIEN MOYO
Née à Port-au-Prince, Emmanuella Cyprien a fait ses études classiques dans la foi catholique où elle a bouclé ses études classiques
Monsieur le President de la RENAF,
Madame la Presidente de RENAF Diaspora,
Mesdames, Messieurs les Membres du Conseil d'Administration de la RENAF,
Mesdames, Messieurs, les Présidents de Fédération;
Chers Représentants,
Chers Membres,
Chers Panélistes,
Chers Invités.
En cette date du 25 novembre 2022 où la RENAF, dans le cadre du Mois de la Diaspora, nous réunit, j'ai le privilège de vous adresser ces quelques mots de circonstance qui rappelle notre histoire commune, celle de l'Afrique notre Alma mater et de ses enfants, les Africains d'outre-mer ou encore la Diaspora africaine, communément appelée les Afro-descendants.
L'histoire qui nous lie à l'Afrique est jonchée d'événements malheureux mais aussi de prouesses qui nous font porter avec fièreté notre descendance de la race noire qui fut la première à faire connaitre à l'humanité tout entière que nous sommes tous égaux car nous sommes des humains avec le même sang qui coule dans nos veines, nous partageons la même intelligence insufflée par notre Créateur.
On pourrait remonter très loin pour démontrer l'origine de notre civilisation à travers l'Egypte antique comme le décrivent les oeuvres de Cheik Anta Diop. On pourrait même marcher sur les traces du Roi Mansa Musa du Mali qui fut l'un des premiers explorateurs du Nouveau Monde avant Christophe Colomb. Mais, la question qui se pose aujourd'hui est comment nous, les Afro-descendants, nous nous sommes retrouvés dispersés à travers le monde et particulièrement en Amerique?
Le navigateur gênois, Christophe Colomb, à la tête d'une expédition en 1492, arriva en Amérique, "la croix dans une main et le fusil dans l'autre" pour répéter un de nos grands auteurs, Maurice Sixto, pour exterminer les Amérindiens au nom de la religion et de la civilisation. En un rien de temps, la mission de Colomb fut accomplie. Les indiens d'Amérique, ou encore les Amérindiens, n'ont pas pu supporter les atrocités des colons espagnols. Ils mouraient en grand nombre. Il fallait, donc, les remplacer.
Sous l'instigation du prêtre espagnol, Bartolomé de las Casas, il fallait faire venir des Noirs d'Afrique qui, à l'époque, n'étaient pas considérés comme des êtres humains.
Dès 1503, le calvaire des Noirs a commencé avec la Traite négrière: le Commerce triangulaire qui a enrichi l'Europe mais aussi qui a arraché des fils et des filles des entrailles de l'Alma-mater. Ils étaient entassés dans les câles des navires, enchainés et destinés à être vendus comme du bétail dans l'enfer des Ameriques.
Ainsi, pendant plus de 3 siècles, les Africains, que nous sommes, avons subi les pires atrocités des Européens assoifés de richesses, à la recherche de l'or et d’autres denrées pour enrichir le Continent européen. Cette époque charnière de notre histoire a arraché d'Afrique de grands hommes comme Boukman Dutty, arraché des entrailles de sa famille à l'age de 12 ans au Sénégal, le père de Toussaint Louverture, Prince du Royaume d'Alladah, déporté du Dahomey l'actuel Bénin, Victoria Abdaraya dit TanteToya (Dahomey) qui a su inculquer à Jean-Jacques Dessalines l'art de la guerre pour la libération des esclaves noirs de Saint Domingue.
Après la grande Bataille de Vertières, le 18 novembre 1803, oú l'armée indigène sous le commandement du Général Jean-Jacques Dessalines a vaincu l'armée napoléonienne commandée par le général Rochambeau, le 1er janvier 1804, la première République noire est née. Nos Ancêtres ont dit “Non aux atrocités de l'esclavage”.
L'écrivain martiniquais Aimé Césaire l'a si bien illustré dans son ouvrage " Cahier d'un retour au pays natal": Haiti, le pays oú la négritude s'est mise debout pour la 1ère fois".
Nombreux sont ceux qui croient que " Si le musulman fait son pèlerinage à la Mecque, le catholique au Vatican, l'Africain doit faire son pèlerinage en Haiti", le pays qui a su dire non à l'esclavage, non à l'exploitation de l'homme par l'homme. Pour mieux dire, le pays où le respect des droits de l'homme a pris naissance.
La libération du Continent africain par la vague de la décolonisation des années 60 a marqué un tournant décisif dans la réhabilitation de la race noire. De grandes figures du Continent ont porté très haut le flambeau de la race noire pour nous léguer cette pensée universelle de la lutte des noirs pour affirmer leur identité de peuple qu'ils soient sur le Continent où dans la diapora dispersée à travers le monde. Nous ne saurions oublier: Léopold Sedar Singor, Felix Houphouēt-Boigny, Thomas Sankara, Jean Price Mars, Jerry Rawlings, Frantz Fanon, Marcus Garvey, Patrice Lumumba, Aimé Césaire, Léon Gontrand Damas, Cheik Anta Diop, Nelson Mandela, Steeve Biko, Samora Machel, Sam Nujoma, pour ne citer que ceux-lá.
Le XXIème siècle semble marqué un nouveau tournant decisif dans l'éveil de l'Afrique noire avec de nouveaux leaders de la pensée africaine, entre autres: Nathalie Yiamb, Alain Foka, Asimi Goïta, Cheik Tidiane Gadio, Kalala Omutounde qui vient de passer de vie à trépas (une minute de silence pour la mémoire de ce génie de la race qui vient de nous quitter).
Notre devoir, au sein de la RENAF, est de continuer le combat à l'instar de nos prédécesseurs pour renforcer le leadership des Etats africains par l'apport des compétences de la diaspora dans nos pays respectifs. La force et la détermination de la diaspora africaine et des Afro-descendants peuvent contribuer à l'émergence d'une solidarité réelle entre les Etats africains et ceux de la diaspora. Cette grande rencontre de toutes les fédérations de la Renaissance Africaine augure une alliance sans precedent, qui sera bénéfique non seulement pour un retour effectif à nos sources mais aussi pour une vraie renaissance afro-americano-caribéenne.
Je vous remercie.
Marie Emmanuella Cyprien-Moyo
RENAF DIASPORA, E.U.